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lundi 27 février 2012

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains.

Devant nos yeux, le spectacle d’une ville gigantesque qui s’éveille. Des trains de toutes les couleurs se meuvent, chacun dans sa direction, transportant des hommes d’un lieu à un autre. Ces voyageurs sont à la fois des humains, avec chacun son visage, son esprit propre, et une partie anonyme d’un ensemble. Ils sont une entité et en même temps un simple élément. Ils exploitent efficacement, combinent habilement cette double appartenance pour effectuer avec agilité et précision les rituels du matin. Se laver les dents. Se raser. Choisir une cravate. Se mettre du rouge à lèvres. Regarder les actus à la télé. Échanger des paroles avec sa famille. Manger. Faire ses besoins.

En même temps que le soleil se lève, les corbeaux fondent sur la ville par bandes, pour chercher leur pitance. Leurs ailes noires et huileuses brillent sous la lumière du matin.

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains. [...]

Extrait du Passage de la nuit d'Haruki Murakami, mais ce pourrait aussi bien être une introduction à son recueil de nouvelles Après le tremblement de terre

lundi 6 février 2012

Haruki Murakami, Le passage de la nuit (2004 pour l'édition originale)


Finalement, l’ensemble de ces événements est advenu dans un lieu pareil à une profonde crevasse, inaccessible. Juste entre la nuit et les instants où le ciel blanchit, ces lieux-là ouvrent discrètement une entrée secrète. Ce sont des lieus où n’a cours aucune de nos lois fondamentales. Personne ne peut prévoir où et quand ces abîmes avaleront des hommes, où et quand ils les recracheront. 

(p. 202 de l'édition Belfond, 2007)