vendredi 19 juillet 2013

Mon nouveau lave-linge est tellement silencieux que ça m'angoisse!

Avant je le gérais au son (de la même façon que mon chum « gérait » son fils quand il était petit…) Aujourd’hui, il faut que je colle mon oreille dessus – et encore! C’est comme les vélos qui vous arrivent par derrière sur le trottoir. On ne les entend pas! Après (ou pendant) la lutte contre le bruit – celui des voitures qui passent sous ma fenêtre par exemple – faudra-t-il  se mettre à lutter pour le bruit?

jeudi 18 juillet 2013

Tous mes amis sont des superhéros (All My Friends Are Superheroes) de Andrew Kaufman

La superparesseuse et (ou) superétourdie que je suis (voir ci-dessous) avait tout simplement oublié de publier ceci, écrit il y a déjà quelques semaines (ou mois)...


L’idée du livre est que tout le monde est – peut être  un superhéros, ou presque : Tom n'est pas un Superhéro mais tous ses amis, Superperfectionniste, Superparesseux (j’aurais pensé que ce soit moi mais je suis battue!), Super-ma-moto-fait-du-bruit, etc. le sont. Au début, j’ai craint que ce soit un truc et que le livre se résume à ça, mais c’est surtout une façon d’identifier les protagonistes, et ce, d’une façon particulièrement efficace , qui élimine les prénoms, les descriptions physiques et tout autre détail pseudo-réaliste inutile. Une économie de moyens qui se traduit dans le format du livre – une centaine de pages très (très) aérées – et laisse toute la place à l’histoire, dont je ne dirai rien pour ne pas gâcher le plaisir! Ce que je peux dire, en revanche, c'est que c'est drôle, touchant, et que la chute finale est tout simplement formidable. 

Une petite citation? Voici : il s’agit d’une des premières rencontres entre Tom, le héros du livre et sa petite amie, Superperfectionniste. Tom est soudain assailli par le Monstre de l’angoisse. Après quelques passes d'armes avec ledit montre, il finit pas s’évanouir. À son réveil, Superperfectionniste est en train de faire une réussite.

« Ça va mieux? » demanda-t-elle.
Oui, tout allait pour le mieux et le Monstre de l’angoisse avait disparu.
« Qu’est-ce qui s’est passé?
– Il est parti, répondit-elle en déposant un neuf noir sur un dix rouge.
– Comme ça, juste parti?
– Il n’y a que deux façons de se débarrasser d’un monstre d’angoisse, mon cher : prendre un bain, ou faire un somme. » 



Arvida, Québec

Arvida, c'est le nom d'une cité industrielle construite par l'Aluminum Company of America considérée par un remarquable exemple d'architecture industrielle et candidate au patrimoine mondial de l'Unesco. A priori, rien pour me donner envie de lire ces nouvelles, non que je n'aime pas l'architecture mais je ne sais pas... tout cela semblait bien austère et je n'avais pas vraiment envie de lire un genre de « défense et illustration » des bienfaits de l'architecture moderniste... 

Mais voilà... Ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça, c'est autre chose et c'est mieux. Entre autres parce qu'au Québec, pour des raisons dont je n'ai pas encore fait le tour qui combinent l'isolement, la tradition, l'arrivée relativement tardive de la modernité, etc., un ouvrier est (ou était) toujours (ou presque) un trappeur, ou au moins un chasseur, un gars de bois plus heureux sur un skidoo ou un motorisé tout terrain (un "quatre roues" comme on dit ici, peut-être parce qu'ils permettent d'emprunter les chemins accessibles auparavant seulement en motocross ou en skidoo). Et s'il n'en est pas un, il en connait. En tout cas, les meilleures histoires que j'aie entendue ici avaient quelque choses à faire avec le bois, que ce soit l'exploration minière ou la chasse. À cette inspiration, Archibald combine une affinité avec le Japon qui lui permet, me semble-t-il de prendre avec ses personnages la distance nécessaire (même si je n'ai pas beaucoup aimé la nouvelle sado-maso japonisante).

Un échantillon?

Pendant la récolte, au mois d’août, quand la météo annonçait un gel au sol, on allumait aux coins de la bleuetière de gros brasiers. Le vent faisait virevolter les flammes et poussait la fumée; elle rampait entre les pieds, enveloppait leurs feuilles et protégeait les bleuets du froid. Quand le vent était faible, il fallait l’aider en agitant devant les bûchers de grandes couvertures. Dans la noirceur, on aurait dit des passes de cape, des véroniques effectuées juste devant le museau de grands taureaux en flammes. Il aurait pu penser à ça, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là formaient une race de bâtisseurs aux pieds pesants, incapables de s’installer nulle part sans jeter par terre un million d’arbres et tirer du fusil partout. Ces gens-là étaient rusés et idiots, tendres et cruels, obèses mais forts comme des chevaux. Il fallait les voir s’agiter avec une grâce de matador, dangereusement près des grands brasiers, pour sauver du gel de fragiles baies violettes pas plus grosses que des petits pois. Il aurait pu aller vers eux, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là sont capables de briser un cou de poulet à mains nues, mais ils ne laissent jamais mourir les choses délicates que le Seigneur leur confie.
Pas avant l’heure de la récolte, en tout cas. (p. 111)

Ah, j’oubliais : Il s’appelle Samuel Archibald, et c’est aux éditions Le Quartanier…