lundi 27 février 2012

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains.

Devant nos yeux, le spectacle d’une ville gigantesque qui s’éveille. Des trains de toutes les couleurs se meuvent, chacun dans sa direction, transportant des hommes d’un lieu à un autre. Ces voyageurs sont à la fois des humains, avec chacun son visage, son esprit propre, et une partie anonyme d’un ensemble. Ils sont une entité et en même temps un simple élément. Ils exploitent efficacement, combinent habilement cette double appartenance pour effectuer avec agilité et précision les rituels du matin. Se laver les dents. Se raser. Choisir une cravate. Se mettre du rouge à lèvres. Regarder les actus à la télé. Échanger des paroles avec sa famille. Manger. Faire ses besoins.

En même temps que le soleil se lève, les corbeaux fondent sur la ville par bandes, pour chercher leur pitance. Leurs ailes noires et huileuses brillent sous la lumière du matin.

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains. [...]

Extrait du Passage de la nuit d'Haruki Murakami, mais ce pourrait aussi bien être une introduction à son recueil de nouvelles Après le tremblement de terre

jeudi 23 février 2012

"pronoun panic" dans le Urban Dictionary

Le Urban Dictionary est un outil utile non seulement pour comprendre (et éventuellement traduire) le "langage de la rue" mais aussi pour percevoir certains mouvements de société.
La "panique du pronom" correspond à la crainte de dévoiler le sexe d'une personne par l'usage d'un pronom quand on ne le désire pas. Évidemment le fait est plus courant en anglais. Une des raisons est le fait qu'on n'accorde pas les adjectifs et que les substantifs ne changent pas, eux non plus avec le genre. Un(e) manager est un(e) directeur-trice. Comme on  le voit sur l'exemple qui précède, ça a permis en anglais de neutraliser (dans tous les sens du terme) la plupart des problèmes de genre. (Reste quand même le he/she et les expressions associées : his ou him/her, etc.) Ce qui a pour conséquence un autre type de "panique", inverse, pour le traducteur qui, ne pouvant identifier le genre de la personne, ne peut faire les accords et (ou) choisir les adjectifs en conséquence.

http://www.urbandictionary.com/

jeudi 9 février 2012

MELOCOTON (Colette MAGNY)


Melocoton et Boule d’Or
Deux gosses dans un jardin ...
Melocoton, où elle est Maman ?
J’en sais rien; viens, donne-moi la main
Pour aller où ?
J’en sais rien, viens
Papa il a une grosse voix
Tu crois qu’on saura parler comme ça ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main
Melocoton, Mémé elle rit souvent
Tu crois qu’elle est toujours contente ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main 
Perrine, elle est grande, presque comme Maman
Pourquoi elle joue pas avec moi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main
Christophe il est grand, mais pas comme Papa
Pourquoi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main 
Dis Melocoton, tu crois qu’ils nous aiment ?
Ma petite Boule d’Or, j’en sais rien
Viens...  donne-moi la main

lundi 6 février 2012

Haruki Murakami, Le passage de la nuit (2004 pour l'édition originale)


Finalement, l’ensemble de ces événements est advenu dans un lieu pareil à une profonde crevasse, inaccessible. Juste entre la nuit et les instants où le ciel blanchit, ces lieux-là ouvrent discrètement une entrée secrète. Ce sont des lieus où n’a cours aucune de nos lois fondamentales. Personne ne peut prévoir où et quand ces abîmes avaleront des hommes, où et quand ils les recracheront. 

(p. 202 de l'édition Belfond, 2007)

dimanche 5 février 2012

Cigales


Les cigales vont mourir –
mais leur cri n’en dit rien

Bashô cité (traduit?) par Par Albane Gellé in Passeurs de mémoire (Poésie/Gallimard) mais je n'ai pas réussi à retrouver la référence exacte...

Cigale : petit insecte entêtant que l'on trouve aussi bien au Japon qu'au Québec et dans le sud de la France.