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vendredi 27 mars 2015

Un tissu de mensonges?

L’histoire n’est qu’un tissu de mensonges, c’est ce que racontent les vainqueurs.
– Ou ce que se racontent les vaincus.

d’après The sense of an ending de Julian Barnes (qu'Eulalie n'aime pas tant que ça -- trop anglais? trop tordu? -- mais ce dialogue mérite qu'on s'y arrête.) 

(What had old Joe Hunt answered when I knowingly claimed that history was the lies of the victors? ‘As long as you remember that it is also the self-delusions of the defeated.)



mardi 12 août 2014

Un roi sans divertissement est un homme plein de misères (Pascal)

– Assieds-toi [dit Langlois], on va parler de la marche du monde.
Car, disait-il, rien ne se fait par l’opération du Saint-Esprit. Si les gens disparaissent [il y a des gens qui ont disparu dans le village], c’est que quelqu’un les fait disparaître. S’il les fait disparaître, c’est qu’il y a une raison pour qu’il les fasse disparaître. Il semble qu’il n’y a pas de raison pour nous mais il y a une raison pour lui.  Et, sil y a une raison pour lui, nous devons pourvoir la comprendre. Je ne crois pas, moi, qu’un homme puisse être différent des autres hommes au point d’avoir des raisons totalement incompréhensibles. Il n’y a pas d’étrangers. Il n’y a pas d’étrangers; comprends-tu ça ma vieille?
 [...]
– Tu dis que rien ne se fait par l’opération du Saint-Esprit et moi je dis que peut-être tout se fait par l’opération du Saint-Esprit précisément.
 […]

– Peut-être, dit-il, et ca ne serait pas gai.

Extrait de : Un roi sans divertissement, de Jean Giono 

vendredi 4 juillet 2014

Et si, justement le quotidien, notre quotidien, était la promesse…

Je suis une plante, disait-elle, j’ai besoin du feu, de l’air, de la terre, de l’eau. Autrement, je m’étiole. Et : Le mariage n’est-il pas un étiolement de ce type? Le feu s’éteint. L’air se fait rare La terre sèche. L’eau se tarit. Je crèverais. Toi aussi. […] Et dans le cas contraire, répliquai-je. Si, justement le quotidien, notre quotidien, est la promesse que je te fais? Ta brosse à dents à côté de la mienne. Tu es fâchée parce que j’ai oublié d’éteindre la lumière de la salle de bains. […] Tu dis que je prends du ventre. […]Tu noues ma cravate. Tu me fais signe quand je pars au travail. Je me dis : Tu es un drapeau au vent.  Je me le dis avec une douleur perçante à la poitrine. Dieu du ciel, ça ne suffit pas? Ce n’est pas assez pour être heureux?

Milena Michiko Flašar, Je l’appelais Cravate


mercredi 2 juillet 2014

Bonheur de lecture

Zola, Au bonheur des dames

Ch’ais pas comment ch’uis r’tombée sur Zola. J’avais ben lu Germinal au secondaire, pis Nana (je crois) et peut-être L’Assomoir, mais j’me souviens que de Germinal – comme un grand coup sur la tête. Alors, ch’ais pas comment ch’uis r’tombée sur Zola ast’heure…

Mais en fait si, je le sais, c’est à cause de la série anglaise The Paradise. Très bonne série d’ailleurs, mais rien à côté du roman. Pa’c’que l’roman, c’est « gros » : un monument, une cathédrale! C’est même tellement brillant, touffu, intelligent (oserai-je sublime? grandiose?) que j’vous l’raconterai pas : c’est pas résumable, pas plus que toutes les idées qui m’ont passées par la tête… Ça f’ra p’t’êt’ ben un livre, ou p’t’êt’ un article, ou rien, mais…

LISEZ-LE!!!!

(ou relisez-le…)

dimanche 1 décembre 2013

Besoin de lait?

Dans son dernier livre, La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb raconte qu’à la question « Que lisez-vous? », Victor Hugo répondait avec hauteur « Une vache ne boit pas de lait. »
Il se trouve, écrit AN que je ne suis pas Victor Hugo et que j’ai besoin de lait. 
– Moi aussi, dit Eulalie, j’ai besoin de lait, et même plus… 

dimanche 17 novembre 2013

La trilogie newyorkaise de Paul Auster

J’ai lu quelque part (je ne sais plus où ni quand) que la Trilogie newyorkaise, qui regroupe les trois romans de Paul Auster mettant en scène le « détective » Quinn, portait sur New-York. Elle se passe en effet (pour autant que quelque chose s’y passe) à New-York, mais en fait, mais elle ne parle que de l’écriture sous toutes ses formes (ou déguisements) : collecte de données, inspiration, recherche, révision, hésitation et même blocage, le fameux writer’s block qui se traduit parfois par l’angoisse de la page blanche, et parfois autrement… (Même si le premier roman, City of Glass, parle aussi de New-York – et des États-Unis en général – d’une façon inoubliable – l’image de la Tour de Babel y est portée à un niveau que je ne me souviens pas d’avoir jamais vu/perçu ailleurs. Mais il s’agit encore de langage.) La citation qui suit, extraite de The Locked Room, le meilleur selon moi de ces textes, en parle de façon directe mais elle trace aussi, me semble-t-il, le canevas du projet de la Trilogie.   

Le narrateur (Auster?) est en train de préparer les textes de Fanshawe (ses propres textes?) pour publication…

[With] checks suddenly arriving from one thing or another, all money problems evaporated. Like everything else that seemed to e happening, this was a new experience for me. For the past eight or nine years, my life had been a constant scrambling act, a frantic lunge from one paltry article to the next, and I had considered myself lucky whenever I could see ahead for more than a month or two. Care was embedded inside me; it was part of my blood, my corpuscles, and I hardly knew what it was to breathe without wondering if I could afford to pay the gas bill. Now, for the fist time since I had gone out on my own, I realized that I didn’t have to think about these things anymore. One morning, as I sat at my desk struggling over the final sentence of an article, groping for a phrase that was not there, it gradually dawned on me that I had been given a second chance. I could dive this up and start again. I no longer had to write articles. I could move on to other things, begin to do the work I had always wanted to do. This was my chance to save myself, and I decided that I’d be a fool not to take it.

samedi 16 novembre 2013

Le printemps selon Auster


[…] la neige commence à fondre. Le matin suivant, le soleil brille de tous ses feux, des  , the snow begins to melt. The next morning, the sun is shining brightly, des bandes de moineaux pépient dans les arbres, et Bleu [c’est le nom du personnage] entend avec plaisir l’eau qui dégoutte du toit, des branches, des lampadaires. Tout à coup, le printemps ne semble plus très loin. Encore quelques semaines, se dit-il, et chaque matin sera comme celui-ci.   
– in Ghosts, traduction d’Eulalie

Aujourd’hui, 16 novembre, 21 degrés sur la balcon, Eulalie s’appelle Bleu et sent tout cela comme lui. Le printemps s’en vient, a-t-elle dit au pompiste – et il a ri de bon cœur. Aujourd’hui, 16 novembre… plus que six mois!


vendredi 25 octobre 2013

L'usage du monde selon Nicolas Bouvier

Il y a quelque temps, circulait sur Facebook, un jeu consistant à quelque chose près à ouvrir un livre à la page xx et à recopier la phrase qui commençait à la ne ligne. Je n’y ai pas joué faute de temps, d’énergie ou de désir – pick your choice – mais voici un livre que je crois que l’on peut ouvrir à n’importe quelle page… Prenons, par exemple, la 96e (de l’édition de poche).

Au Moda-Palas les domestiques étaient, pour une fois couchés. Nous fîmes le bagage en silence. Il y avait encore de la lumière chez la patronne. On passa la tête par la porte entrebâillée pour lui dire adieu et merci. Mme Wanda ne nous vit pas tout de suite. Elle était assise immobile dans un lit à colonnes à côté d’une veilleuse allumée, un livre ouvert devant elle – du Mérimée, je m’en souviens – dont elle ne tournait plus les pages. Jamais nous ne l’avions vue tout à fait éveillée et présente aux choses, comme si des voix d’ailleurs étaient constamment venues l’en distraire. Nous ne la connaissions presque pas. On l’appela doucement pour ne pas l’effrayer. Elle nous vit, vit nos habits de voyage et dit : Dieu vous bénisse, mes petits pigeons... la Madone vous protège, mes agneaux », puis elle se mit à parler polonais, longtemps, sans s’interrompre, avec des inflexions d’une tendresse si désolée qu’il nous fallut un moment pour nous rendre compte qu’elle ne nous regardait plus, qu’elle ne s’adressait plus à nous, mais à une de ces ombres très anciennes, et chères, et perdues, qui accompagnent les vieilles gens en exil et tournoient au fond de leur vie. On referma la porte.

J’ai dit « je crois » parce que c’est un livre qu’on ne peut (moi en tout cas) absorber qu’à petites bouchées – ou plutôt « gorgées » tant il est pétillant (rien que le titre est à lui seul un poème). Du coup, bien que je l’aie commencé depuis quelque temps déjà, je n’en suis qu’à la 100e, à une ou deux près, sur 418! Encore bien du plaisir en perspective…

Ref. : Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Dessins de Thierry Vernet, Payot, 1963 (lu dans l’édition de poche, Payot et Rivages, 2001)

lundi 19 août 2013

Il appuya sur l'accélérateur, puis, comme pour dire que c'est lui qui s'en allait...

He laughed and jammed his accelerator, spraying slush and oily grit from the asphalt. I covered my face as he scorched a half circle. Then, as if to say that he was the one leaving, he raced into traffic, cars braking and swerving, and soon his truck was gone from sight.

C’est la dernière  fois que le père et le fils se sont vus et ça me fait penser à la façon dont mon père a toujours hâté nos adieux – y compris le dernier. 

 Déni Y. Bouchard, Cures for hunger

mercredi 14 août 2013

L’École de la tchén’ssâ | L’Oreille tendue

Pour ceux qui ont aimé Arvida comme pour les autres...
'via Blog this'

jeudi 18 juillet 2013

Tous mes amis sont des superhéros (All My Friends Are Superheroes) de Andrew Kaufman

La superparesseuse et (ou) superétourdie que je suis (voir ci-dessous) avait tout simplement oublié de publier ceci, écrit il y a déjà quelques semaines (ou mois)...


L’idée du livre est que tout le monde est – peut être  un superhéros, ou presque : Tom n'est pas un Superhéro mais tous ses amis, Superperfectionniste, Superparesseux (j’aurais pensé que ce soit moi mais je suis battue!), Super-ma-moto-fait-du-bruit, etc. le sont. Au début, j’ai craint que ce soit un truc et que le livre se résume à ça, mais c’est surtout une façon d’identifier les protagonistes, et ce, d’une façon particulièrement efficace , qui élimine les prénoms, les descriptions physiques et tout autre détail pseudo-réaliste inutile. Une économie de moyens qui se traduit dans le format du livre – une centaine de pages très (très) aérées – et laisse toute la place à l’histoire, dont je ne dirai rien pour ne pas gâcher le plaisir! Ce que je peux dire, en revanche, c'est que c'est drôle, touchant, et que la chute finale est tout simplement formidable. 

Une petite citation? Voici : il s’agit d’une des premières rencontres entre Tom, le héros du livre et sa petite amie, Superperfectionniste. Tom est soudain assailli par le Monstre de l’angoisse. Après quelques passes d'armes avec ledit montre, il finit pas s’évanouir. À son réveil, Superperfectionniste est en train de faire une réussite.

« Ça va mieux? » demanda-t-elle.
Oui, tout allait pour le mieux et le Monstre de l’angoisse avait disparu.
« Qu’est-ce qui s’est passé?
– Il est parti, répondit-elle en déposant un neuf noir sur un dix rouge.
– Comme ça, juste parti?
– Il n’y a que deux façons de se débarrasser d’un monstre d’angoisse, mon cher : prendre un bain, ou faire un somme. » 



Arvida, Québec

Arvida, c'est le nom d'une cité industrielle construite par l'Aluminum Company of America considérée par un remarquable exemple d'architecture industrielle et candidate au patrimoine mondial de l'Unesco. A priori, rien pour me donner envie de lire ces nouvelles, non que je n'aime pas l'architecture mais je ne sais pas... tout cela semblait bien austère et je n'avais pas vraiment envie de lire un genre de « défense et illustration » des bienfaits de l'architecture moderniste... 

Mais voilà... Ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça, c'est autre chose et c'est mieux. Entre autres parce qu'au Québec, pour des raisons dont je n'ai pas encore fait le tour qui combinent l'isolement, la tradition, l'arrivée relativement tardive de la modernité, etc., un ouvrier est (ou était) toujours (ou presque) un trappeur, ou au moins un chasseur, un gars de bois plus heureux sur un skidoo ou un motorisé tout terrain (un "quatre roues" comme on dit ici, peut-être parce qu'ils permettent d'emprunter les chemins accessibles auparavant seulement en motocross ou en skidoo). Et s'il n'en est pas un, il en connait. En tout cas, les meilleures histoires que j'aie entendue ici avaient quelque choses à faire avec le bois, que ce soit l'exploration minière ou la chasse. À cette inspiration, Archibald combine une affinité avec le Japon qui lui permet, me semble-t-il de prendre avec ses personnages la distance nécessaire (même si je n'ai pas beaucoup aimé la nouvelle sado-maso japonisante).

Un échantillon?

Pendant la récolte, au mois d’août, quand la météo annonçait un gel au sol, on allumait aux coins de la bleuetière de gros brasiers. Le vent faisait virevolter les flammes et poussait la fumée; elle rampait entre les pieds, enveloppait leurs feuilles et protégeait les bleuets du froid. Quand le vent était faible, il fallait l’aider en agitant devant les bûchers de grandes couvertures. Dans la noirceur, on aurait dit des passes de cape, des véroniques effectuées juste devant le museau de grands taureaux en flammes. Il aurait pu penser à ça, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là formaient une race de bâtisseurs aux pieds pesants, incapables de s’installer nulle part sans jeter par terre un million d’arbres et tirer du fusil partout. Ces gens-là étaient rusés et idiots, tendres et cruels, obèses mais forts comme des chevaux. Il fallait les voir s’agiter avec une grâce de matador, dangereusement près des grands brasiers, pour sauver du gel de fragiles baies violettes pas plus grosses que des petits pois. Il aurait pu aller vers eux, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là sont capables de briser un cou de poulet à mains nues, mais ils ne laissent jamais mourir les choses délicates que le Seigneur leur confie.
Pas avant l’heure de la récolte, en tout cas. (p. 111)

Ah, j’oubliais : Il s’appelle Samuel Archibald, et c’est aux éditions Le Quartanier…

mardi 11 juin 2013

Hervé Guibert, La table de travail, 1989, Villa Medicis

 
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mercredi 20 juin 2012

Basho again


Le vieil étang,
Une grenouille y saute :
Le bruit de l'eau! 

C'est un des poèmes les plus connus de Bashô 

Gloses :  
Un vieil étang
Bashô y saute,
Le bruit de l’eau !

Un vieil étang
Quelque chose vient d’y sauter
Plouf !

S’il y avait un étang par ici,
Je sauterais dedans
Pour qu’il entende le plouf !


Deux grenouilles sur le bord de l’eau aperçoivent une grenouille qui saute dans l’eau. Elles disent en même temps:
LES DEUX: - Le bruit de l’eau!
GRENOUILLE 1: - C’est moi qui l’ai dit en premier!
GRENOUILLE 2: - Non, c’est moi!
GRENOUILLE 1: - Mauvais perdant!
GRENOUILLE 2: - Crapaud!

 (Extrait de la bande dessinée Vieil Etang.)

mercredi 6 juin 2012

Les calepins de Gérard-Horace (fragments) par Pierre Saint-Amour




J’avais lu dans ses pensées : elles étaient truffées de fautes d’orthographe.

***

Discuté longuement avec Julie. Malaise. Elle voudrait qu’on l’admire mais elle a peur qu’on la regarde.

***
Bijou caillou hibou joujou…
Elle était comme une exception
Dans la grammaire de mes passions
Il me fallut bien dix leçons
Pour trousser enfin son jupon

***

La nuit, tous les chats sont gris. Le jour, ils cuvent. (Proverbe de gouttière)


jeudi 26 avril 2012

Quand la chaleur se retirera de la terre


C’est mon amie Hélène qui m’a signalé ce passage de La Recherche

« [Q]uand [Bergotte] se levait une heure dans sa chambre, c'était tout enveloppé de châles, de plaids, de tout ce dont on se couvre au moment de s'exposer à un grand froid ou de monter en chemin de fer. Il s'en excusait auprès des rares amis qu'il laissait pénétrer auprès de lui, et montrant ses tartans, ses couvertures, il disait gaiement : « Que voulez-vous, mon cher, Anaxagore l'a dit, la vie est un voyage. » Il allait ainsi se refroidissant progressivement, petite planète qui offrait une image anticipée de la grande quand, peu à peu, la chaleur se retirera de la terre, puis la vie. Alors la résurrection aura pris fin, car, si avant dans les générations futures que brillent les œuvres des hommes, encore faut-il qu'il y ait des hommes. »

C’est déjà assez beau déjà et je suis très émue de retrouver chez Proust cette terreur intime de la disparation ultime de la planète, de l’humanité et de la culture que je connais bien. Aussi, j’aurais pu m’arrêter là mais la suite a aussi ses mérites :

« Si certaines espèces d'animaux résistent plus longtemps au froid envahisseur, quand il n'y aura plus d'hommes, et à supposer que la gloire de Bergotte ait duré jusque-là, brusquement elle s'éteindra à tout jamais. Ce ne sont pas les derniers animaux qui le liront, car il est peu probable que, comme les apôtres à la Pentecôte, ils puissent comprendre le langage des divers peuples humains sans l'avoir appris. »

Je ne me souvenais pas que Proust eût ce genre d’humour… 

samedi 14 avril 2012

Dans l'attente du temps à venir / à la recherche du temps perdu...


« Petite fille, je vivais dans la folle attente de "la vie". Je croyais qu’un jour brusquement la vie allait commencer, s’ouvrir devant moi. Comme un lever de rideau, comme un spectacle qui commence. Il ne se passait rien et il se passait des quantités de choses, mais ce n’était pas ça, on ne pouvait pas dire que c’était la vie, et il faut croire que je persiste à  n’être toujours qu’une petite fille puisque je reste toujours dans les mêmes dispositions, que je continue à attendre cette vie qui doit venir. […] Les événements que j’attendais avec impatience survenaient l’un après l’autre et jamais ils n’étaient aussi beaux que l’attente, et ils ne retrouvaient leur beauté que dans le souvenir et dans l’attente renouvelée de leur retour. »


Milena Jesenskà, Vivre, p. 151-2

lundi 27 février 2012

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains.

Devant nos yeux, le spectacle d’une ville gigantesque qui s’éveille. Des trains de toutes les couleurs se meuvent, chacun dans sa direction, transportant des hommes d’un lieu à un autre. Ces voyageurs sont à la fois des humains, avec chacun son visage, son esprit propre, et une partie anonyme d’un ensemble. Ils sont une entité et en même temps un simple élément. Ils exploitent efficacement, combinent habilement cette double appartenance pour effectuer avec agilité et précision les rituels du matin. Se laver les dents. Se raser. Choisir une cravate. Se mettre du rouge à lèvres. Regarder les actus à la télé. Échanger des paroles avec sa famille. Manger. Faire ses besoins.

En même temps que le soleil se lève, les corbeaux fondent sur la ville par bandes, pour chercher leur pitance. Leurs ailes noires et huileuses brillent sous la lumière du matin.

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains. [...]

Extrait du Passage de la nuit d'Haruki Murakami, mais ce pourrait aussi bien être une introduction à son recueil de nouvelles Après le tremblement de terre

dimanche 5 février 2012

Cigales


Les cigales vont mourir –
mais leur cri n’en dit rien

Bashô cité (traduit?) par Par Albane Gellé in Passeurs de mémoire (Poésie/Gallimard) mais je n'ai pas réussi à retrouver la référence exacte...

Cigale : petit insecte entêtant que l'on trouve aussi bien au Japon qu'au Québec et dans le sud de la France.

vendredi 13 janvier 2012

Ah! Comme la neige [1]…


Neige mouillée qui se balance
Sensuellement dans sa chute,
Petits flocons secs
Qui volètent d’allégresse. 
Ah, le spasme de vivre [2]!

[1] Allusion au plus célèbre poème du plus célèbre poète québécois, Nelligan.
[2] Vers emprunté au précédent.