jeudi 31 octobre 2013

La semaine dernière à Saint-Jean

Automne -
Un voilier d’oies dorées
Sur fond de nuit bleu-nuit.

Ne partez pas!
Mais il gèlera quand même
Qu’elles partent ou pas.

vendredi 25 octobre 2013

L'usage du monde selon Nicolas Bouvier

Il y a quelque temps, circulait sur Facebook, un jeu consistant à quelque chose près à ouvrir un livre à la page xx et à recopier la phrase qui commençait à la ne ligne. Je n’y ai pas joué faute de temps, d’énergie ou de désir – pick your choice – mais voici un livre que je crois que l’on peut ouvrir à n’importe quelle page… Prenons, par exemple, la 96e (de l’édition de poche).

Au Moda-Palas les domestiques étaient, pour une fois couchés. Nous fîmes le bagage en silence. Il y avait encore de la lumière chez la patronne. On passa la tête par la porte entrebâillée pour lui dire adieu et merci. Mme Wanda ne nous vit pas tout de suite. Elle était assise immobile dans un lit à colonnes à côté d’une veilleuse allumée, un livre ouvert devant elle – du Mérimée, je m’en souviens – dont elle ne tournait plus les pages. Jamais nous ne l’avions vue tout à fait éveillée et présente aux choses, comme si des voix d’ailleurs étaient constamment venues l’en distraire. Nous ne la connaissions presque pas. On l’appela doucement pour ne pas l’effrayer. Elle nous vit, vit nos habits de voyage et dit : Dieu vous bénisse, mes petits pigeons... la Madone vous protège, mes agneaux », puis elle se mit à parler polonais, longtemps, sans s’interrompre, avec des inflexions d’une tendresse si désolée qu’il nous fallut un moment pour nous rendre compte qu’elle ne nous regardait plus, qu’elle ne s’adressait plus à nous, mais à une de ces ombres très anciennes, et chères, et perdues, qui accompagnent les vieilles gens en exil et tournoient au fond de leur vie. On referma la porte.

J’ai dit « je crois » parce que c’est un livre qu’on ne peut (moi en tout cas) absorber qu’à petites bouchées – ou plutôt « gorgées » tant il est pétillant (rien que le titre est à lui seul un poème). Du coup, bien que je l’aie commencé depuis quelque temps déjà, je n’en suis qu’à la 100e, à une ou deux près, sur 418! Encore bien du plaisir en perspective…

Ref. : Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Dessins de Thierry Vernet, Payot, 1963 (lu dans l’édition de poche, Payot et Rivages, 2001)

Noté sur mon agenda il y a deux jours....

Rentrer/couper laurier rose (gants)

***

C'est fait mais sans les gants,
Or le laurier rose est toxique.
Oups!

jeudi 24 octobre 2013

Pour se divertir, les moines copistes gribouillaient les marges

mercredi 23 octobre 2013

Nina Simone - Don't Let Me Be Misunderstood - YouTube

mardi 22 octobre 2013

Au Canada comme en Chine

Essayant chacun des rameaux gelés,
L’oie sauvage choisit de ne pas se percher
Tandis que les feuilles d’érable tombent, glacées,

Sur la rivière Wu. (Su Dongpo cité par Qiu Xialong; c'est moi qui souligne)

Je suis une oie sauvage gelée, 
mais je me suis perchée
et regarde tomber
les feuilles glacées.

lundi 21 octobre 2013

Nuage voyageur dans le ciel chinois

Un nuage voyageur
Qui oublie de revenir,
Ignorant que le printemps touche à sa fin.


Poème de Yansi cité dans Encres de Chine par Qiu Xiaolong, qui signale que dans la littérature classique [chinoise], très souvent, le mot « nuage », associé au mot « pluie », suggérait l’acte sexuel.   

vendredi 18 octobre 2013

Gershom Scholem


Là où Dieu se tenait jadis, se tient aujourd’hui la mélancolie.

 cité par Finkielkraut dans Le Livre et les livres.

... La version d'Eulalie (déjà citée, je crois) : « Dieu ou Prosac! »
Évidemment c'est moins romantique... Mais je suppose que chez Scholem, la mélancolie non plus ne l'est guère!

dimanche 13 octobre 2013

Le bleu du Richelieu

Bleu, bleu,
Ce n’est pas le ciel de Provence
Mais il est beau quand même,
Le bleu du Richelieu
… en ce jour d’automne
qui ressemble au printemps.

Bleu comme la robe
D’une Sainte-vierge,
Comme la coque bleue

D’un improbable bateau à voile. 

samedi 12 octobre 2013

Le lit – la plage

Paupières éblouies de soleil
Mer bleue plein la tête
Grains de sable au bout des doigts

Sur le campus Saint-Jean

Temps froid :
Les mouettes
Frissonnent en silence
Le long du Richelieu

Temps gris :
À l'arrière plan
La brume
Confond le ciel et l'eau.

***

Plus tard, 
tandis qu'émerge l'autre rive
et que miroite la rivière
les mouettes caquettent.

Pourtant, 
elles ne crient pas encore :
j'haïs leur cri.

***
Tant qu'elles restent à terre
Elles ont l'air de gros pigeons.

Avec leurs ailes
Au bout tacheté noir et blanc, 
Ce sont des "rieuses" 
Si l’on en croit Wiki

***

À midi, les mouettes
Ont été remplacées
Par des matheux fébriles

Les pissenlits
dandelions c’est plus joli –
Sèment leurs graines à tout vent
(sauf qu’il n’y a pas de vent)