mardi 13 novembre 2012

Bonheur du jour...

Lisa LeBlanc - Cerveau ramolli - YouTube: "http://youtu.be/6G2-0-7CrmY"

'via Blog this'

Voyage en Abitibi


Malgré que leurs branches
Ploient sous le poids de la neige
L’herbe est verte
Au pied des grands pins

jeudi 1 novembre 2012

Et un autre...

Un autre haïku de Kerouac qui me "pope" dans la tête tout d'un coup :

(de mémoire et/ou un peu arrangé)

Hé l'abeille
Pourquoi tu me regardes comme ça
Je ne suis pas une fleur

mercredi 31 octobre 2012

Un "pop" en quatre lignes...



Le cactus de Noël
Fleuri en octobre
Fait la nique au laurier
rose défloré

mardi 30 octobre 2012

Haïkus de Kerouac, le canadien errant...

Cette semaine, quelques-uns des haïkus de Jack Kerouac, dont je ne savais pas – honte à moi!   qu'il en écrivait...

Les puristes remarqueront que les haïkus de Kerouac ne sont pas totalement « cachères ». Leur forme est beaucoup plus libre que le standard et il s'y glisse quelques « postures » et préoccupations typiquement occidentales, voire beat.  D'ailleurs Kerouac avait décidé d'employer un autre mot pour les désigner : pops. Citation : « Selon moi, le "haïku occidental" doit tout simplement dire le maximum de choses en trois (courtes) lignes [...]. Avant tout, un haïku doit être très simple et dénué de toute sophistication poétique. Il doit former un petit tableau tout en étant aussi léger et gracieux que la Pastorella de Vivaldi. ». Un exemple : 


Birds singing                 (Oiseaux qui chantent                         
     in the dark                   dans l'ombre                                     
Rainy dawn                   De l'aube pluvieuse)

ou bien (parmi mes préférés) :        
                    
In my medicine cabinet            Dans mon armoire à pharmacie
   the winter fly                           La mouche d’hiver (?)
Has died of old age                   Est morte de vieillesse

The summer chair          Un fauteuil de jardin
   rocking by itself             qui se balance tout seul
In the blizzard                Dans la tempête


jeudi 11 octobre 2012

Décidément, Patricia Highsmith, chus pas capab' – Est-ce que j'aurais raté quelque chose?

mercredi 10 octobre 2012

Ya des jours com' ça


Les p’tit’ fleurs
La douceur
L’empathie
La décence,
J’y peux rien, y a des jours,
Ça m’pompe.

À mains nues


Écoute tes mains, elle savent mieux que toi
Comment taper à la machine
Comment tourner la mayonnaise
Comment gratter le dos de ton amant
Et dénouer les nœuds qui s’y trouvent
Comment caresser
Et comment survivre 

dimanche 23 septembre 2012

Décidément, je les aime!


La journée qui s’en vient est flambant neuve 
du groupe québécois Avec pas d'casque

Oh comme il est lourd 
Le temps qui s’appelle hie
r
Prends-le ce diamant 
Dans ma tête il est pour toi 
Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve


Je le connais bien 
Le chemin du plus lâche 
Mes bras désolés 
Rampent comme des chiens 

Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve 
Même si le mouvement 

Meurt mieux qu’il ne se charge 
Même si la fatigue 
Voudrait que tu deviennes 
Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve 

Le vent qui est bon 
Est le même qui arrache 
Nous avons l’outil 
Il manque la manière 
Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve 

Frôle-moi de ton mieux 
Frôle-moi davantage 

Gave-moi de ton amour 
Pour shimmer l’Univers 
Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve 

Et nous l’habiterons avec 
Nos yeux qui s’habituent à la noirceur 
Et nous l’abîmerons avec 
Nos plus beaux accidents 
Je promets, je promets que 
la journée qui s’en vient est flambant neuve

samedi 22 septembre 2012

L’été du réchauffement


L’ombre des feuilles effilées
du laurier rose
sur les mailles du store

Et la porte ouverte
Au ras de terre
Une minuscule petite pousse étoilée

Au dessus de la plante
Aux feuilles papillon
Comme un tableau abstrait

Mon  cœur gonflé de sève
Va faire éclater
Ma poitrine

vendredi 21 septembre 2012

Retour à Kerouac


Kerouac : je ne savais pas qu’il eût écrit des haïkus...

Ainsi…
Je récupère
Un frère
En écriture i.e.
En misère

Vagabond céleste,
Canadien errant,
Jap d’adoption,
Mon frère

Petite fleur qui penche
Vers le canyon,
Moulin à vent
Qui regarde
La plaine à perte de vue,
Trampsporting,
Trainspotting.

jeudi 20 septembre 2012

Haruki Murakami, What I Talk About When I Talk About Running (Autoportrait de l'auteur en coureur de fond)


Un coureur m’a parlé d’un mantra que son frère ainé, également coureur, lui avait appris et sur lequel il méditait depuis qu’il avait commencé à courir. Le voici : Bon sang que ça fait mal, je n’en peux plus. Que ça fasse mal, c’est une réalité inévitable, mais quant à savoir s’il peut ou non en supporter plus, la réponse appartient au coureur. Voilà qui résume à peu près ce que l’on peut dire sur l’aspect le plus important de la course du marathon. (p. vii de l'édition anglaise, ma traduction)

Je me demande s’il y a d’autres façons d’interpréter la maxime. Si on peut, par exemple, souffrir moins, oublier la souffrance par la méditation ou quelque autre stratagème...

Mais non, je ne crois pas (malheureusement). C’est juste qu’on n’est pas obligé de courir le marathon!
Mais si on décide de la faire, alors...

Ailleurs Murakami explique comment il a réussi à terminer un double triathlon, ou un IronMan ou un double IronMan (en tout cas un truc horrible avec un double marathon, 100 km à vélo (ou le double) et je ne sais plus quelle distance à la nage). Il se répétait : Concentre toi simplement sur tes pieds.Fais-les avancer,l'un après l'autre.Là,maintenant,rien d'autre n'a d'importance.

mercredi 19 septembre 2012

Moi qui n'ai plus de langue...


Moi qui n’ai plus de langue mais que tourmentent plusieurs ou qui, parfois, bénéficie de plusieurs, j’ai des sentiments qui varient selon les mots que j’emploie. Il m’arrive d’être désespéré dans une langue et à peine triste dans une autre. […] J’embarrassai Adélaïde Marèse par quelques questions sur ce sujet [mais] ce que je pris sur le moment pour de l’embarras n’était peut-être que le reflet d’un souci d’exactitude, le scrupule du croyant qui s’avance parmi les révérences et les cautèles de la théologie. La langue peut être une théologie.
(Hector Bianchiotti, Sans la miséricorde du Christ)

samedi 1 septembre 2012

RueMasson.com

RueMasson.com

samedi 21 juillet 2012

Fleurs de poireau


Acheté des fleurs de poireau
Ne viennent pas de l’Ohio
Encore moins du Colorado  
Poussées sur la terre d’ici
(C’est du moins ce qu’on m’a dit)
Ah qu’elles sont jolies!

Post scriptum
Je sais bien qu’ici aussi
La foudre peut tomber
L’esprit se déchainer
Et que l’hiver va arriver (c’est sûr)
Mais en attendant…
J’ai acheté des fleurs de poireau. 

vendredi 20 juillet 2012

Fifi, philosophe...


Hier au soir, je ne sais pourquoi – si, je sais, j’y reviendrai! – cette évidence m’a sauté au visage : il ne peut y avoir de régression infinie de la pensée pour la bonne raison que nous sommes finis. Certes le nombre de nos neurones est quasi-infini est la quantité de connexions qu’ils peuvent établir l’est encore plus (si l’on peut dire), mais à l’arrivée, nous n’en avons qu’un certain nombre – c’est-à-dire un nombre fini. Et en eussions-nous encore plus, que cela ne changerait pas grand-chose, parce que le temps qui nous est imparti est bel et bien fini et que, sauf à philosopher au chaud dans son poêle (ou dans sa chambre) comme Descartes à l’infini, il y a pour l’être humain des choses pas mal plus urgentes à faire que de régresser − fût-ce métaphysiquement.

En fait – j’y reviens – je me suis à penser à ça au bout de quelques heures (jours) d’introspection sur le mode « − pourquoi j’ai fait ça? – tu croyais bien faire –mais encore? – aider – qui? Elle ou toi? − mmhh, chuis pas sûre… j’ai plutôt l’impression que… etc. », le genre de processus infini où tout sentiment, toute pensée, appelle en retour un doute que je n’oserai qualifier de métaphysique mais qui s’avère à coup sûr abyssal. (Et bien sûr, j’étais moi aussi dans une sorte de poêle, la canicule montréalaise y pourvoyant.)

On me dira que ce genre de pensée désordonnée, n’est pas la régression. La régression a un pas plus militaire et plus hiérarchique : je pense que – Non, je pense que je pense que, etc., ad libitum. De toute façon, ça ne change guère le problème : que l’on conçoive la conscience comme une armée en ordre de marche ou comme une assemblée révolutionnaire traversée de mortelles divisions, le résultat est le même : ça ne s’arrête pas. Or bien, il faut manger – ou payer les factures, téléphoner au dentiste, torcher le moutard, que sais-je? Il faut que ça s’arrête. Et même au niveau de la pensée pure, Descartes lui-même ne peut douter qu’il doute au point de ne pas écrire ses Méditations. Il arrive un moment où il nous faut adhérer à une croyance, quelle qu’elle soit, ou tout simplement arrêter de penser – au moins quelques minutes. 

mercredi 4 juillet 2012

Des règles


On m’a souvent dit que je faisais toujours le contraire de ce qui était demandé, que j’enfreignais les règles comme à plaisir. C’est vrai que j’ai tendance à mettre les pieds dans le plat (quel que soit le plat) et à enfreindre les règles mais – MAIS – ce n’est pas par plaisir, c’est parce que je ne les comprends pas. On me dira – on m’a dit – qu’il n’est pas nécessaire de comprendre une règle. Le problème, c’est que je ne retiens que ce que je comprends. Si quelqu’un me dit que le soir, il faut 1) se brosser les dents et 2) prendre sa douche, je comprends qu’il faut se brosser les dents et prendre sa douche (dans n’importe quel ordre). Évidemment, je prends des risques et je peux faire des erreurs. Si dans une recette, on doit d’abord faire revenir le légume A et seulement ensuite ajouter B, il se peut que ça ne fasse aucune différence de mettre A et B en même temps, mais il se peut aussi que ça en fasse une. Ou encore, que ça en fasse une pour les gourmets mais pas pour moi (ni pour mon fils, mon mari ou mes invités). Bref, ne pas observer les règles à la lettre peut être dangereux.

Sauf que les observer l’est aussi. Et en observer de mauvaises – ou d’approximatives – encore plus. Comment rester un écrivain minimalement lisible si on obéit à des règles écrites par des illettrés ou tout simplement des gens qui refusent de se fatiguer à lire? Comment se garder un peu d’espace pour penser – ou pire, créer – si on a la tête farcie de règles? Et d’ailleurs les règles, dans les états dits évolués, pas besoin de courir après, elles sont là : du code de la route avec ses infinis raffinements – virage à gauche au feu rouge autorisé ou non, règles d’engagement dans les carrefours giratoires, etc. – au mode d’emploi des appareils électroniques – souvent si difficiles à comprendre qu’on se demande (?) si le but n’est pas de vous obliger à consulter un spécialiste − moyennant finances évidemment! – en passant par celles qui régissent les impôts, la retraite, les remboursements de frais dentaires, les frais de copropriété, la facturation du téléphone (Bell, je te hais, mais Vidéotron aussi!), et j’en oublie, heureusement! Les règles nous pourrissent la vie, pas besoin d’en rajouter…

Alors oui, c’est vrai, j’avoue, je n’écoute pas toujours aussi attentivement que je le devrais, je ne respecte pas toutes les règles (en fait j’en respecte le moins possible – et il en reste encore pas mal) mais il m’arrive parfois d’avoir le temps de jeter un coup d’œil à mon arbre, celui qui pousse devant ma fenêtre et est devenu mon alter ego (salut, Brassens!), de lire un livre et même… d’ouvrir le Grevisse pour y trouver un commentaire intelligent – et généralement nuancé – sur une règle grammaticale.


mercredi 27 juin 2012

Expressions québécoises

Il est des expressions québécoises à la fois effrayantes et savoureuses... comme :
Du monde d'en arrière, des pas d'allure, pas d'classe 


Plus rigolote, l'expression Catin de mode que je traduirais volontiers par Top model en français de France. (À noter que la catin québécoise n'est pas ce qu'on pourrait croire en France mais une poupée...)

lundi 25 juin 2012

Apho au féminin

J'aime les hommes qui n'aiment pas les femmes trop lisses.

dimanche 24 juin 2012

Apho s'égaye... ou s'égare!

Je ne cherche pas la perfection − juste un joyeux minimum. 

samedi 23 juin 2012

Petit aphorisme du matin

Je préfère les gens (et les disciplines) qui ne font pas de promesses.

mercredi 20 juin 2012

Basho again


Le vieil étang,
Une grenouille y saute :
Le bruit de l'eau! 

C'est un des poèmes les plus connus de Bashô 

Gloses :  
Un vieil étang
Bashô y saute,
Le bruit de l’eau !

Un vieil étang
Quelque chose vient d’y sauter
Plouf !

S’il y avait un étang par ici,
Je sauterais dedans
Pour qu’il entende le plouf !


Deux grenouilles sur le bord de l’eau aperçoivent une grenouille qui saute dans l’eau. Elles disent en même temps:
LES DEUX: - Le bruit de l’eau!
GRENOUILLE 1: - C’est moi qui l’ai dit en premier!
GRENOUILLE 2: - Non, c’est moi!
GRENOUILLE 1: - Mauvais perdant!
GRENOUILLE 2: - Crapaud!

 (Extrait de la bande dessinée Vieil Etang.)

mercredi 6 juin 2012

Les calepins de Gérard-Horace (fragments) par Pierre Saint-Amour




J’avais lu dans ses pensées : elles étaient truffées de fautes d’orthographe.

***

Discuté longuement avec Julie. Malaise. Elle voudrait qu’on l’admire mais elle a peur qu’on la regarde.

***
Bijou caillou hibou joujou…
Elle était comme une exception
Dans la grammaire de mes passions
Il me fallut bien dix leçons
Pour trousser enfin son jupon

***

La nuit, tous les chats sont gris. Le jour, ils cuvent. (Proverbe de gouttière)


vendredi 4 mai 2012

Klerkò au printemps...


3 avril

Les petites feuilles vert tendre
Et même quelques fleurs de prunier

Les petites feuilles :
baby flowers

mercredi 2 mai 2012

Le temps dur

Deux mots d'actualité :

  • Choc post-traumatique : c'est ce qui risque de vous arriver si vous êtes victime de la réorganisation (ou "réingénierie") d'une entreprise ou d'un service public
  • Syndrome du survivant :  c'est ce qui risque de vous arriver si vous échappez aux conséquences de la réorganisation (ou "réingénierie") d'une entreprise ou d'un service public
Exemple : En ce moment, chez X, on a le choix entre le choc post-traumatique et le syndrome du survivant.

dimanche 29 avril 2012

Gueule de bois

En principe, Apho ne raffole pas des jeux de mots faciles mais pour la énième fois, en entendant la radio, il ne peut s'empêcher de s'exclamer :

La langue de bois me donne la gueule de bois!

samedi 28 avril 2012

À la grâce de dieu…


Au fond il est rassurant de se préoccuper de la météo, car les nouvelles tempêtes ne sont plus météorologiques elles sont technico-organisationnelles. Réingénierie des organisations privées ou publiques, pannes informatiques, paperasses en tout genre, les nouvelles tempêtes ne préviennent pas plus que les anciennes et peuvent être tout aussi dévastatrices. La grande caractéristique des pauvres, celle qui faisait leur valeur aux yeux des théologiens du passé, était le fait qu’ils ne s’occupent pas de prévoir le lendemain, ni  de rembourser leur hypothèque, ni d’économiser pour leur retraite, encore moins de « capitaliser » − fût-ce sur un régime d’épargne. Avec la disparition du mythe des classes moyennes, il est temps de se dire que les seules vertus que les « pauvres » puissent cultiver sont le courage et l’entraide. Il ne sert à rien de se lamenter sur le lait renverser ou sur celui qui va (peut-être) se renverser : s’il pleut aujourd’hui, il fera peut-être beau demain − à moins qu’il ne neige!

vendredi 27 avril 2012

Retour de l'hiver en avril

Mais les oiseaux 
Chantent encor 
Malgré le grésil
la neige et le froid

jeudi 26 avril 2012

Quand la chaleur se retirera de la terre


C’est mon amie Hélène qui m’a signalé ce passage de La Recherche

« [Q]uand [Bergotte] se levait une heure dans sa chambre, c'était tout enveloppé de châles, de plaids, de tout ce dont on se couvre au moment de s'exposer à un grand froid ou de monter en chemin de fer. Il s'en excusait auprès des rares amis qu'il laissait pénétrer auprès de lui, et montrant ses tartans, ses couvertures, il disait gaiement : « Que voulez-vous, mon cher, Anaxagore l'a dit, la vie est un voyage. » Il allait ainsi se refroidissant progressivement, petite planète qui offrait une image anticipée de la grande quand, peu à peu, la chaleur se retirera de la terre, puis la vie. Alors la résurrection aura pris fin, car, si avant dans les générations futures que brillent les œuvres des hommes, encore faut-il qu'il y ait des hommes. »

C’est déjà assez beau déjà et je suis très émue de retrouver chez Proust cette terreur intime de la disparation ultime de la planète, de l’humanité et de la culture que je connais bien. Aussi, j’aurais pu m’arrêter là mais la suite a aussi ses mérites :

« Si certaines espèces d'animaux résistent plus longtemps au froid envahisseur, quand il n'y aura plus d'hommes, et à supposer que la gloire de Bergotte ait duré jusque-là, brusquement elle s'éteindra à tout jamais. Ce ne sont pas les derniers animaux qui le liront, car il est peu probable que, comme les apôtres à la Pentecôte, ils puissent comprendre le langage des divers peuples humains sans l'avoir appris. »

Je ne me souvenais pas que Proust eût ce genre d’humour… 

mardi 17 avril 2012

Retour de Klerkò


Le printemps et l’été ont des problèmes de couple :
Nul ne sait qui fait quoi ni qui est qui.
Voici que le printemps nous pique un trente degrés
Que va nous faire l’été?

En attendant, les pauvres arbres
Tout nus
Ne savent plus que faire.
Leurs bourgeons trop hâtifs
Pourraient mourir peut-être
Si l’hiver à son tour
Se met de la partie.

Les idées courtes d'Apho

La langue de bois me donne la gueule de bois.

samedi 14 avril 2012

Dans l'attente du temps à venir / à la recherche du temps perdu...


« Petite fille, je vivais dans la folle attente de "la vie". Je croyais qu’un jour brusquement la vie allait commencer, s’ouvrir devant moi. Comme un lever de rideau, comme un spectacle qui commence. Il ne se passait rien et il se passait des quantités de choses, mais ce n’était pas ça, on ne pouvait pas dire que c’était la vie, et il faut croire que je persiste à  n’être toujours qu’une petite fille puisque je reste toujours dans les mêmes dispositions, que je continue à attendre cette vie qui doit venir. […] Les événements que j’attendais avec impatience survenaient l’un après l’autre et jamais ils n’étaient aussi beaux que l’attente, et ils ne retrouvaient leur beauté que dans le souvenir et dans l’attente renouvelée de leur retour. »


Milena Jesenskà, Vivre, p. 151-2

Nouvelle version de...

un oiseau qui vole à votre place... (vendredi 6 janvier 2012)

mardi 10 avril 2012

Les idées courtes d'Apho

Les paroles passent, les écrits aussi -- dieu merci!

vendredi 23 mars 2012

L'art de creuser un trou (2011)

Un roman de Frédéric Gruet plutôt sympa...

Une « nègre » littéraire rejoint un camp de la révolution karen pour écrire la biographie d’un médecin qui a, tout à coup, tout laissé tombé au cours d’un voyage en Thaïlande (sauf erreur). Elle y trouve toutes sortes de personnages hors du commun : aristocrate écossais spécialisé dans la peinture de tableaux mettant en scène des chameaux, différents militaires hauts en couleur, restaurateur français parti sur les pas d’une thaïlandaise après la mort de sa femme, etc. C’est les Birmans qui creusent le trou mais, comme on dit au Québec, ça n’a pas (vraiment) rapport…

Une dynamique à la Tarentino, quoiqu’un peu moins flyée (et violente), culture française oblige.

jeudi 22 mars 2012

V'la l'printemps

Les oiseaux s'égosillent
Les pores de mes bras s'écartillent
(pour les jambes on s'gard'un' p'tit'gène)
Mes yeux s'écarquillent
Et je m'ébaudis!

dimanche 11 mars 2012

Parlure d'ici : Québec

Il faut que les bottines suivent les babines
(Il faut passer de la parole aux actes)

vendredi 9 mars 2012

Mars à Montréal



Bandes d’ombre sur la route
Comme autant de traversées
De l’hiver.

Noire dentelle sur la peau du ciel
Pas d’oiseau
Dans la ramure

Vert tendre des bourgeons
Timides au printemps
J’attends.

lundi 27 février 2012

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains.

Devant nos yeux, le spectacle d’une ville gigantesque qui s’éveille. Des trains de toutes les couleurs se meuvent, chacun dans sa direction, transportant des hommes d’un lieu à un autre. Ces voyageurs sont à la fois des humains, avec chacun son visage, son esprit propre, et une partie anonyme d’un ensemble. Ils sont une entité et en même temps un simple élément. Ils exploitent efficacement, combinent habilement cette double appartenance pour effectuer avec agilité et précision les rituels du matin. Se laver les dents. Se raser. Choisir une cravate. Se mettre du rouge à lèvres. Regarder les actus à la télé. Échanger des paroles avec sa famille. Manger. Faire ses besoins.

En même temps que le soleil se lève, les corbeaux fondent sur la ville par bandes, pour chercher leur pitance. Leurs ailes noires et huileuses brillent sous la lumière du matin.

La double appartenance n’est pas pour les corbeaux un problème aussi grave que pour les humains. [...]

Extrait du Passage de la nuit d'Haruki Murakami, mais ce pourrait aussi bien être une introduction à son recueil de nouvelles Après le tremblement de terre

jeudi 23 février 2012

"pronoun panic" dans le Urban Dictionary

Le Urban Dictionary est un outil utile non seulement pour comprendre (et éventuellement traduire) le "langage de la rue" mais aussi pour percevoir certains mouvements de société.
La "panique du pronom" correspond à la crainte de dévoiler le sexe d'une personne par l'usage d'un pronom quand on ne le désire pas. Évidemment le fait est plus courant en anglais. Une des raisons est le fait qu'on n'accorde pas les adjectifs et que les substantifs ne changent pas, eux non plus avec le genre. Un(e) manager est un(e) directeur-trice. Comme on  le voit sur l'exemple qui précède, ça a permis en anglais de neutraliser (dans tous les sens du terme) la plupart des problèmes de genre. (Reste quand même le he/she et les expressions associées : his ou him/her, etc.) Ce qui a pour conséquence un autre type de "panique", inverse, pour le traducteur qui, ne pouvant identifier le genre de la personne, ne peut faire les accords et (ou) choisir les adjectifs en conséquence.

http://www.urbandictionary.com/

jeudi 9 février 2012

MELOCOTON (Colette MAGNY)


Melocoton et Boule d’Or
Deux gosses dans un jardin ...
Melocoton, où elle est Maman ?
J’en sais rien; viens, donne-moi la main
Pour aller où ?
J’en sais rien, viens
Papa il a une grosse voix
Tu crois qu’on saura parler comme ça ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main
Melocoton, Mémé elle rit souvent
Tu crois qu’elle est toujours contente ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main 
Perrine, elle est grande, presque comme Maman
Pourquoi elle joue pas avec moi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main
Christophe il est grand, mais pas comme Papa
Pourquoi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main 
Dis Melocoton, tu crois qu’ils nous aiment ?
Ma petite Boule d’Or, j’en sais rien
Viens...  donne-moi la main

lundi 6 février 2012

Haruki Murakami, Le passage de la nuit (2004 pour l'édition originale)


Finalement, l’ensemble de ces événements est advenu dans un lieu pareil à une profonde crevasse, inaccessible. Juste entre la nuit et les instants où le ciel blanchit, ces lieux-là ouvrent discrètement une entrée secrète. Ce sont des lieus où n’a cours aucune de nos lois fondamentales. Personne ne peut prévoir où et quand ces abîmes avaleront des hommes, où et quand ils les recracheront. 

(p. 202 de l'édition Belfond, 2007)

dimanche 5 février 2012

Cigales


Les cigales vont mourir –
mais leur cri n’en dit rien

Bashô cité (traduit?) par Par Albane Gellé in Passeurs de mémoire (Poésie/Gallimard) mais je n'ai pas réussi à retrouver la référence exacte...

Cigale : petit insecte entêtant que l'on trouve aussi bien au Japon qu'au Québec et dans le sud de la France.

vendredi 27 janvier 2012

Photo par Jacques Boisset

vendredi 13 janvier 2012

Ah! Comme la neige [1]…


Neige mouillée qui se balance
Sensuellement dans sa chute,
Petits flocons secs
Qui volètent d’allégresse. 
Ah, le spasme de vivre [2]!

[1] Allusion au plus célèbre poème du plus célèbre poète québécois, Nelligan.
[2] Vers emprunté au précédent.

Syllogisme


L’hiver, la nature ralentit.
Je fais partie de la nature, donc
L’hiver je ralentis.

vendredi 6 janvier 2012

un oiseau qui vole à votre place...




De Milena Jesenská in « Mystérieuses rédemptions » (Vivre, traduction Claudia Ancelot, 1985)

« Dîtes-moi, cela ne vous est-il jamais arrivé ? Vous êtes couché dans la nuit, vous regardez le plafond dans le noir, paralysée de terreur et de douleur et soudain, quelque part à l’étage, un enfant pleure et pleure à votre place ? Ne vous est-il jamais arrivé qu’au théâtre des hommes meurent, se battent et chantent à votre place ? Ne vous est-il jamais arrivé de voir à l’horizon un oiseau qui vole à votre place, les ailes déployées, tranquille, heureux, disparaissant au loin pour ne jamais revenir ? N’avez-vous jamais trouvé une route dont les pavés sont capables de supporter précisément autant de pas qu’il vous en faut pour vous libérer de la douleur ?

Je crois fermement que le monde vient à notre secours. On ne sait ni quand, ni comment, ni par quoi. Il survient inopinément, simplement, avec compassion. »

Commentaire de mon amie Hélène : Celui là est très beau mais un peu désespérant quand on sait comment « le monde est venu à son secours », puisqu’elle est morte à Ravensbrück.

Mais en fait, le passage continue comme suit :

« Parfois être sauvé est presque aussi douloureux que la douleur elle-même. Je connais un homme [Kafka] qui a les poumons malades. Il est grand, maigre, son visage est aigu, anguleux, méchant et incroyablement bon. Voici de qu’il m’a dit de sa maladie : « Lorsque le cœur et le cerveau en ont eu assez de supporter la souffrance, ils se sont mise en quête de quelque chose qui puisse les sauver – et c’es alors que les poumons se sont proposés. Je sais que ma maladie m’a sauvé. Mais cette transaction entre le cœur et les poumons, qui s’est faite à mon insu, a dû être terrible. « On dirait un conte de fées. Un conte de fées étrange venu d’un autre monde, et pourtant, c’est la vérité de l’existence et de la souffrance. Ici, les poumons malades ont fait office de rédempteurs. Non, ne vous étonnez pas. Il ne faut pas s’étonner. Peut-être faut-il en pleurer. Il faut serrer sa tête dans ses mains et aimer la vie avec ardeur, avec tant d’ardeur que tout cet amour finira par l’attendrir et par racheter sa malédiction. »

Il y a par ailleurs tout un article consacré à Kafka (p. 133 sq.) où Milena reprend sensiblement la même idée après sa mort en citant les mots de Kafka dans une lettre : « [P]endant des années, il a souffert d’une maladie des poumons et, bien qu’il la soignât, il l’alimentait aussi sciemment et l’entretenait dans ses pensées. "Lorsque l’âme et le cœur ne supportent plus le fardeau, alors les poumons en assument la moitié pour qu’au moins la charge soit à peu près également répartie". »