vendredi 20 juillet 2012

Fifi, philosophe...


Hier au soir, je ne sais pourquoi – si, je sais, j’y reviendrai! – cette évidence m’a sauté au visage : il ne peut y avoir de régression infinie de la pensée pour la bonne raison que nous sommes finis. Certes le nombre de nos neurones est quasi-infini est la quantité de connexions qu’ils peuvent établir l’est encore plus (si l’on peut dire), mais à l’arrivée, nous n’en avons qu’un certain nombre – c’est-à-dire un nombre fini. Et en eussions-nous encore plus, que cela ne changerait pas grand-chose, parce que le temps qui nous est imparti est bel et bien fini et que, sauf à philosopher au chaud dans son poêle (ou dans sa chambre) comme Descartes à l’infini, il y a pour l’être humain des choses pas mal plus urgentes à faire que de régresser − fût-ce métaphysiquement.

En fait – j’y reviens – je me suis à penser à ça au bout de quelques heures (jours) d’introspection sur le mode « − pourquoi j’ai fait ça? – tu croyais bien faire –mais encore? – aider – qui? Elle ou toi? − mmhh, chuis pas sûre… j’ai plutôt l’impression que… etc. », le genre de processus infini où tout sentiment, toute pensée, appelle en retour un doute que je n’oserai qualifier de métaphysique mais qui s’avère à coup sûr abyssal. (Et bien sûr, j’étais moi aussi dans une sorte de poêle, la canicule montréalaise y pourvoyant.)

On me dira que ce genre de pensée désordonnée, n’est pas la régression. La régression a un pas plus militaire et plus hiérarchique : je pense que – Non, je pense que je pense que, etc., ad libitum. De toute façon, ça ne change guère le problème : que l’on conçoive la conscience comme une armée en ordre de marche ou comme une assemblée révolutionnaire traversée de mortelles divisions, le résultat est le même : ça ne s’arrête pas. Or bien, il faut manger – ou payer les factures, téléphoner au dentiste, torcher le moutard, que sais-je? Il faut que ça s’arrête. Et même au niveau de la pensée pure, Descartes lui-même ne peut douter qu’il doute au point de ne pas écrire ses Méditations. Il arrive un moment où il nous faut adhérer à une croyance, quelle qu’elle soit, ou tout simplement arrêter de penser – au moins quelques minutes. 

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