Chronique du dur du monde
par Cécile Clozel
par Cécile Clozel
Le monde est dur qu’est-ce qu’ils ont les
hommes à s’y cogner le front silencieux obstinés lâchant rien ni mot ni sanglot
refusant la douceur des larmes qu’est-ce qu’ils cherchent les hommes à foncer
dans le dur du mur encore encore
Le monde est dur — je sais. Vous êtes là
séparée inutile.
Inutile votre douceur qui vous tombe des
mains vous êtes vide les mains vides la douceur imbécile on ne peut pas les
empêcher les hommes de détourner le front et de chercher le mur et d’aller s’y
cogner. On aurait posé la main sur son front douce et fraiche un peu de douceur
un peu moins de douleur mais non. On ne peut pas les empêcher.
Le monde est dur sauve-toi sauve-toi on a
bien tenté de leur dire on n’ose pas les exhorter de quel droit on n’ose pas on
n’en sait rien de ce qu’ils cherchent dans cet acharnement
Pas si dur on suggère ou bien c’est eux — on
aurait voulu dire du doux, qu’il y en quelque part et qu’on peut le trouver
c’est pas si dur. Mais eux le front buté : pas si dur, je vais bien arriver à
ébranler le mur à force de cogner.
Alors on voudrait devenir armure bouclier
casque et protéger leur front on voudrait devenir plus dure que tous les murs
du monde. Je suis tendre, friable. Inutile. On essaie de devenir dure. On
devient dure. On est toujours aussi fragile. Inutile.
Je me réveille triste et séparée de la
douceur du monde. J’attends qu’elle revienne. Elle reviendra.
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