Apollinaire racontait l'anecdote suivante :
Un jour, dans le jardin du Palais-Royal, on vit Gérard traînant un homard vivant au bout d’un ruban bleu. L’histoire circula dans Paris et comme ses amis s’étonnaient, il répondit :En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas…
lundi 2 décembre 2013
dimanche 1 décembre 2013
Besoin de lait?
Dans son dernier livre, La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb raconte qu’à
la question « Que lisez-vous? », Victor Hugo répondait avec hauteur « Une
vache ne boit pas de lait. »
Il se trouve, écrit AN que je ne suis pas Victor Hugo
et que j’ai besoin de lait.
– Moi aussi, dit Eulalie, j’ai besoin de lait, et même plus…
vendredi 29 novembre 2013
Elizabeth Gilbert à Tout le monde en parle, le dimanche 24 novembre 2013
Outre le charme personnel d'Elizabeth Gilbert, dont je n'ai encore rien lu*, une des idées les plus intéressantes (sinon les plus originales) est que l'on se dévoile plus intimement en parlant d’autre chose (dans la
fiction) qu’en parlant de soi.
*Mais j'ai bien l'intention d'essayer et notamment Committed: A
Skeptic Makes Peace with Marriage, livre qui, selon Wikipedia, examine l'institution du mariage « de plusieurs points de vue, à la fois historiques et contemporains, y compris celui des femmes qui n'ont pas envie de se marier ».
jeudi 28 novembre 2013
L'écriture de Stephen King (à propos de Shining)
Au diable les contraintes idéologiques du Nouveau Roman et/ou du
behaviorisme : peut-être ne sommes-nous pas Dieu mais il n’y a pas de
raison que nous ne puissions entrer dans l’esprit d’un personnage – et même de
plusieurs… Et tout ce qui peut rendre la
narration (et la lecture) plus facile/intéressante – voire thérapeutique – est
autorisé : une histoire d’alcoolique virant « su’ le top »
aurait pe été intéressante mais SK l’assaisonne de parapsychologie, de magie,
et plus... Un des avantages du procédé est qu’il peut inventer à peu près n’importe
quoi, un autre que c’est plus supportable à lire et plus palpitant que la
(triste) dégringolade d’un alcoolique, et le dernier qu’il n’a pas l’impression
de (trop) se déshabiller tout en y injectant une part consistante de son vécu.
dimanche 24 novembre 2013
De Toronto à Montréal en passant par Berlin : les micro-bibliothèques de la rue | Bibliomancienne
– Est-ce qu'il faut demander une autorisation à la ville?
De Toronto à Montréal en passant par Berlin : les micro-bibliothèques de la rue
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– Il faut que j'en parle aux copropriétaires...
– Je suis pas bricoleuse... ou trop paresseuse...
– J'ai pas de livres...
– J'sais pas lire...
Well, on a tous des raisons de ne pas le faire mais c'est quand même une idée formidable!
De Toronto à Montréal en passant par Berlin : les micro-bibliothèques de la rue
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vendredi 22 novembre 2013
dimanche 17 novembre 2013
La trilogie newyorkaise de Paul Auster
J’ai lu quelque part (je ne sais plus où ni quand) que la Trilogie newyorkaise, qui regroupe les
trois romans de Paul Auster mettant en scène le « détective » Quinn, portait
sur New-York. Elle se passe en effet (pour autant que quelque chose s’y passe)
à New-York, mais en fait, mais elle ne parle que de l’écriture sous toutes ses
formes (ou déguisements) : collecte de données, inspiration, recherche,
révision, hésitation et même blocage, le fameux writer’s block qui se traduit parfois par l’angoisse de la page
blanche, et parfois autrement… (Même si le premier roman, City of Glass, parle aussi de
New-York – et des États-Unis en général – d’une façon inoubliable – l’image de
la Tour de Babel y est portée à un niveau que je ne me souviens pas d’avoir
jamais vu/perçu ailleurs. Mais il s’agit encore de langage.) La citation qui
suit, extraite de The Locked Room, le
meilleur selon moi de ces textes, en parle de façon directe mais elle trace
aussi, me semble-t-il, le canevas du projet de la Trilogie.
Le narrateur (Auster?) est en train de préparer les textes de
Fanshawe (ses propres textes?) pour publication…
[With] checks suddenly arriving from one thing or another, all money problems
evaporated. Like everything else that seemed to e happening, this was a new
experience for me. For the past eight or nine years, my life had been a
constant scrambling act, a frantic lunge from one paltry article to the next,
and I had considered myself lucky whenever I could see ahead for more than a
month or two. Care was embedded inside me; it was part of my blood, my
corpuscles, and I hardly knew what it was to breathe without wondering if I could
afford to pay the gas bill. Now, for the fist time since I had gone out on my
own, I realized that I didn’t have to think about these things anymore. One
morning, as I sat at my desk struggling over the final sentence of an article,
groping for a phrase that was not there, it gradually dawned on me that I had
been given a second chance. I could dive this up and start again. I no longer
had to write articles. I could move on to other things, begin to do the work I
had always wanted to do. This was my chance to save myself, and I decided that
I’d be a fool not to take it.
samedi 16 novembre 2013
Le printemps selon Auster
[…] la
neige commence à fondre. Le matin suivant, le soleil brille de tous ses feux,
des , the snow begins to melt. The next
morning, the sun is shining brightly, des bandes de moineaux pépient dans les
arbres, et Bleu [c’est le nom du personnage] entend avec plaisir l’eau qui
dégoutte du toit, des branches, des lampadaires. Tout à coup, le printemps ne
semble plus très loin. Encore quelques semaines, se dit-il, et chaque matin
sera comme celui-ci.
– in Ghosts,
traduction d’Eulalie
Aujourd’hui, 16 novembre, 21 degrés sur la balcon, Eulalie s’appelle
Bleu et sent tout cela comme lui. Le printemps s’en vient, a-t-elle dit au
pompiste – et il a ri de bon cœur. Aujourd’hui, 16 novembre… plus que six
mois!
mercredi 6 novembre 2013
À Montréal
Triste et malheureuse à matin
Comme si la marée s’était retirée
Du creux de mon ventre,
Malgré les copines
Et le magnifique coucher de soleil
D’avant-hier :
Empilement de nuages pommelés
Lignés de rouge
Et cette trouée autour
De l’église plein sud
(Peut-être celle de l’UQAM)
Comme une fenêtre sur un ailleurs
Vide,
Limpide.
samedi 2 novembre 2013
Le paradoxe
C’est quand je me décide
À cesser d’écrire
À jamais – pour toujours
Que ça revient
Et que je recommence
Toujours, toujours.
vendredi 1 novembre 2013
Novembre à Montréal
À travers
la fenêtre
Et jusque
Au dessus des toits
Les grands arbres oscillent
Comme des monstres
Prêts à charger.
D’un bord de l’autre
Comme s’ils voulaient arracher
Leurs pieds pris dans la glaise
Se coucher au sol, se jeter
Sur les baraques dont
Les charpentes de bois
Ne sont pas de taille
Fragilité de la ville – notre ville
De la vie
Puissance
De la nature - violence
Lumière crépusculaire en plein midi
Puis…
Le ciel s’éclaircit soudain –
D’un seul côté :
Ombre et lumière en diptyque
Puis…
Tout est clair!
Ne reste que ce malaise intérieur,
Cette peur,
Cette conscience fugitive
– Inutile
D’être à la merci du vent.
Un peu plus tard, ça recommence
Et puis...
Vingt-trois degrés!
Ah oui?
Mais le vent s'en moque!
Qu'il fasse froid ou chaud
Clair ou nuageux
Il se paie la traite sur les passants
Fait claquer la porte d'acier
À deux doigts de ma tête
Droit sur mon pied.
Il coupe les lignes électriques
Jette les branches à bas
Terrifie les petits enfants
(mais permet aux grands
de bomber le torse : Ben
quoi?
Juste un petit vent, moumoune!)
Et envahit même nos ondes
Où l’on entend que :
« À près de 100 km heures, le vent peut être dangereux... »
Sur le ton de :
« Mesdames et messieurs bienvenue à bord. »
jeudi 31 octobre 2013
La semaine dernière à Saint-Jean
Automne -
Un voilier d’oies dorées
Sur fond de nuit bleu-nuit.
Ne partez pas!
Mais il gèlera quand même
Qu’elles partent ou pas.
vendredi 25 octobre 2013
L'usage du monde selon Nicolas Bouvier
Il y a quelque temps, circulait sur Facebook, un jeu
consistant à quelque chose près à ouvrir un livre à la page xx et à recopier la
phrase qui commençait à la ne ligne. Je n’y ai pas joué faute de
temps, d’énergie ou de désir – pick your
choice – mais voici un livre que je crois que l’on peut ouvrir à n’importe
quelle page… Prenons, par exemple, la 96e (de l’édition de poche).
Au Moda-Palas
les domestiques étaient, pour une fois couchés. Nous fîmes le bagage en
silence. Il y avait encore de la lumière chez la patronne. On passa la tête par
la porte entrebâillée pour lui dire adieu et merci. Mme Wanda ne nous vit pas tout
de suite. Elle était assise immobile dans un lit à colonnes à côté d’une
veilleuse allumée, un livre ouvert devant elle – du Mérimée, je m’en souviens –
dont elle ne tournait plus les pages. Jamais nous ne l’avions vue tout à fait
éveillée et présente aux choses, comme si des voix d’ailleurs étaient
constamment venues l’en distraire. Nous ne la connaissions presque pas. On l’appela
doucement pour ne pas l’effrayer. Elle nous vit, vit nos habits de voyage et
dit : Dieu vous bénisse, mes petits pigeons... la Madone vous protège, mes
agneaux », puis elle se mit à parler polonais, longtemps, sans s’interrompre,
avec des inflexions d’une tendresse si désolée qu’il nous fallut un moment pour
nous rendre compte qu’elle ne nous regardait plus, qu’elle ne s’adressait plus
à nous, mais à une de ces ombres très anciennes, et chères, et perdues, qui
accompagnent les vieilles gens en exil et tournoient au fond de leur vie. On
referma la porte.
J’ai dit « je crois » parce que c’est un livre qu’on
ne peut (moi en tout cas) absorber qu’à petites bouchées – ou plutôt « gorgées »
tant il est pétillant (rien que le titre est à lui seul un poème). Du coup,
bien que je l’aie commencé depuis quelque temps déjà, je n’en suis qu’à la 100e,
à une ou deux près, sur 418! Encore bien du plaisir en perspective…
Ref. : Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Dessins de Thierry Vernet, Payot, 1963 (lu dans l’édition de poche, Payot et Rivages, 2001)
Noté sur mon agenda il y a deux jours....
Rentrer/couper
laurier rose (gants)
***
C'est fait mais sans les gants,
Or le laurier rose est toxique.
Oups!
***
C'est fait mais sans les gants,
Or le laurier rose est toxique.
Oups!
jeudi 24 octobre 2013
mercredi 23 octobre 2013
mardi 22 octobre 2013
Au Canada comme en Chine
Essayant chacun des rameaux
gelés,
L’oie sauvage choisit
de ne pas se percher
Tandis que les
feuilles d’érable tombent, glacées,
Sur la rivière Wu. (Su Dongpo cité par Qiu Xialong; c'est moi qui souligne)
Je suis une oie sauvage gelée,
mais je me suis perchée
et regarde tomber
les feuilles glacées.
lundi 21 octobre 2013
Nuage voyageur dans le ciel chinois
Un nuage voyageur
Qui oublie de revenir,
Ignorant que le
printemps touche à sa fin.
Poème de Yansi cité dans Encres de Chine
par Qiu Xiaolong, qui signale que dans la littérature classique
[chinoise], très souvent, le mot « nuage », associé au mot « pluie »,
suggérait l’acte sexuel.
vendredi 18 octobre 2013
Gershom Scholem
Là où Dieu se tenait jadis, se tient aujourd’hui la
mélancolie.
– cité par Finkielkraut dans Le Livre et les livres.... La version d'Eulalie (déjà citée, je crois) : « Dieu ou Prosac! »
Évidemment c'est moins romantique... Mais je suppose que chez Scholem, la mélancolie non plus ne l'est guère!
dimanche 13 octobre 2013
Le bleu du Richelieu
Bleu, bleu,
Ce n’est pas le ciel de Provence
Mais il est beau quand même,
Le bleu du Richelieu
… en ce jour d’automne
qui ressemble au printemps.
Bleu comme la robe
D’une Sainte-vierge,
Comme la coque bleue
D’un improbable bateau à voile.
samedi 12 octobre 2013
Le lit – la plage
Paupières éblouies de soleil
Mer bleue plein la tête
Grains de sable au bout des doigts
Mer bleue plein la tête
Grains de sable au bout des doigts
Sur le campus Saint-Jean
Temps
froid :
Les
mouettes
Frissonnent
en silence
Le long
du Richelieu
Temps
gris :
À
l'arrière plan
La brume
Confond
le ciel et l'eau.
***
Plus
tard,
tandis
qu'émerge l'autre rive
et que
miroite la rivière
les
mouettes caquettent.
Pourtant,
elles ne
crient pas encore :
j'haïs
leur cri.
***
Tant
qu'elles restent à terre
Elles ont
l'air de gros pigeons.
Avec
leurs ailes
Au bout
tacheté noir et blanc,
Ce sont
des "rieuses"
Si l’on
en croit Wiki
***
À midi,
les mouettes
Ont été
remplacées
Par des
matheux fébriles
Les
pissenlits
– dandelions
c’est plus joli –
Sèment
leurs graines à tout vent
(sauf qu’il
n’y a pas de vent)
mercredi 25 septembre 2013
Hommage à Bashō (numéro 2 ou 3…)
Je suis un étang tranquille,
Sur ma rive,
Des roseaux graciles
L’hiver a fait fuir les canards,
Et sous un bananier,
Un petit bonhomme ridé
Me fait un clin d’œil complice
Quand la rainette plisse
Ma surface lisse
lundi 19 août 2013
Il appuya sur l'accélérateur, puis, comme pour dire que c'est lui qui s'en allait...
He laughed
and jammed his accelerator, spraying slush and oily grit from the asphalt. I
covered my face as he scorched a half circle. Then, as
if to say that he was the one leaving, he raced into traffic, cars braking and
swerving, and soon his truck was gone from sight.
C’est la
dernière fois que le père et le fils se
sont vus et ça me fait penser à la façon dont mon père a toujours hâté nos adieux –
y compris le dernier.
– Déni Y. Bouchard, Cures for hunger
mercredi 14 août 2013
L’École de la tchén’ssâ | L’Oreille tendue
Pour ceux qui ont aimé Arvida comme pour les autres...
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jeudi 8 août 2013
Canicule
Vent frais du matin....
Après la chaleur de chien
Le laurier, mon
laurier rose, en rosit de bonheur.
Après la chaleur de chien
Le laurier, mon
laurier rose, en rosit de bonheur.
vendredi 19 juillet 2013
Mon nouveau lave-linge est tellement silencieux que ça m'angoisse!
Avant je le
gérais au son (de la même façon que mon chum
« gérait » son fils quand il était petit…) Aujourd’hui, il faut que
je colle mon oreille dessus – et encore! C’est comme les vélos qui vous
arrivent par derrière sur le trottoir. On ne les entend pas! Après (ou pendant)
la lutte contre le bruit – celui des voitures qui passent sous ma fenêtre par
exemple – faudra-t-il se mettre à lutter
pour le bruit?
jeudi 18 juillet 2013
Tous mes amis sont des superhéros (All My Friends Are Superheroes) de Andrew Kaufman
La superparesseuse et (ou) superétourdie que je suis (voir ci-dessous) avait tout simplement oublié de publier ceci, écrit il y a déjà quelques semaines (ou mois)...
L’idée du livre est que
tout le monde est – peut être – un superhéros, ou presque : Tom n'est pas un Superhéro mais tous ses amis, Superperfectionniste,
Superparesseux (j’aurais pensé que ce soit moi mais je suis battue!), Super-ma-moto-fait-du-bruit,
etc. le sont. Au début, j’ai craint que ce soit
un truc et que le livre se résume à ça, mais c’est surtout une façon d’identifier
les protagonistes, et ce, d’une façon particulièrement efficace –, qui élimine les prénoms, les descriptions physiques et tout autre détail pseudo-réaliste inutile. Une
économie de moyens qui se traduit dans le format du livre – une centaine de
pages très (très) aérées – et laisse toute la place à l’histoire, dont je ne dirai rien pour ne pas gâcher le plaisir! Ce que je peux dire, en revanche, c'est que c'est
drôle, touchant, et que la chute finale est tout simplement formidable.
Une petite citation? Voici : il s’agit d’une des premières rencontres entre Tom, le héros du livre et sa petite amie, Superperfectionniste. Tom est soudain assailli par le Monstre de l’angoisse.
Après quelques passes d'armes avec ledit montre, il finit pas s’évanouir. À son réveil, Superperfectionniste
est en train de faire une réussite.
« Ça va mieux? »
demanda-t-elle.
Oui, tout allait pour
le mieux et le Monstre de l’angoisse avait disparu.
« Qu’est-ce qui s’est
passé?
– Il est parti,
répondit-elle en déposant un neuf noir sur un dix rouge.
– Comme ça, juste
parti?
– Il n’y a que deux
façons de se débarrasser d’un monstre d’angoisse, mon cher : prendre un
bain, ou faire un somme. »
Arvida, Québec
Arvida, c'est le nom d'une cité industrielle construite par l'Aluminum Company of America considérée par un remarquable exemple d'architecture industrielle et candidate au patrimoine mondial de l'Unesco. A priori, rien pour me donner envie de lire ces nouvelles, non que je n'aime pas l'architecture mais je ne sais pas... tout cela semblait bien austère et je n'avais pas vraiment envie de lire un genre de « défense et illustration » des bienfaits de l'architecture moderniste...Mais voilà... Ce n'est pas ça, ce n'est pas du tout ça, c'est autre chose et c'est mieux. Entre autres parce qu'au Québec, pour des raisons dont je n'ai pas encore fait le tour qui combinent l'isolement, la tradition, l'arrivée relativement tardive de la modernité, etc., un ouvrier est (ou était) toujours (ou presque) un trappeur, ou au moins un chasseur, un gars de bois plus heureux sur un skidoo ou un motorisé tout terrain (un "quatre roues" comme on dit ici, peut-être parce qu'ils permettent d'emprunter les chemins accessibles auparavant seulement en motocross ou en skidoo). Et s'il n'en est pas un, il en connait. En tout cas, les meilleures histoires que j'aie entendue ici avaient quelque choses à faire avec le bois, que ce soit l'exploration minière ou la chasse. À cette inspiration, Archibald combine une affinité avec le Japon qui lui permet, me semble-t-il de prendre avec ses personnages la distance nécessaire (même si je n'ai pas beaucoup aimé la nouvelle sado-maso japonisante).Un échantillon?Pendant la récolte, au mois d’août, quand la météo annonçait un gel au sol, on allumait aux coins de la bleuetière de gros brasiers. Le vent faisait virevolter les flammes et poussait la fumée; elle rampait entre les pieds, enveloppait leurs feuilles et protégeait les bleuets du froid. Quand le vent était faible, il fallait l’aider en agitant devant les bûchers de grandes couvertures. Dans la noirceur, on aurait dit des passes de cape, des véroniques effectuées juste devant le museau de grands taureaux en flammes. Il aurait pu penser à ça, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là formaient une race de bâtisseurs aux pieds pesants, incapables de s’installer nulle part sans jeter par terre un million d’arbres et tirer du fusil partout. Ces gens-là étaient rusés et idiots, tendres et cruels, obèses mais forts comme des chevaux. Il fallait les voir s’agiter avec une grâce de matador, dangereusement près des grands brasiers, pour sauver du gel de fragiles baies violettes pas plus grosses que des petits pois. Il aurait pu aller vers eux, Jim, au lieu d’aller se tuer. Ces gens-là sont capables de briser un cou de poulet à mains nues, mais ils ne laissent jamais mourir les choses délicates que le Seigneur leur confie.Pas avant l’heure de la récolte, en tout cas. (p. 111)Ah, j’oubliais : Il s’appelle Samuel Archibald, et c’est aux éditions Le Quartanier…
mardi 11 juin 2013
samedi 25 mai 2013
Syracuse de Dimey et Salvador - YouTube
J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
A glisser l'aile sous le vent
Voir les jardins de Babylone
Et le palais du grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama
Voir le pays du matin calme
Aller pêcher au cormoran
Et m'enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent
Avant que ma jeunesse s'use
Et que mes printemps soient partis
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris
mardi 30 avril 2013
J'ai pour toi un lac -- Gilles Vigneault
J'ai pour toi un lac quelque part au monde
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d'automne et chanson d'hiver
S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers.
J'ai pour toi, très loin
Une promenade sur un sable doux
Des milliers de pas sans bruits, sans parade
Vers on ne sait où
Et les doigts du vent des saisons entières
Y ont dessiné comme sur nos fronts
Les vagues du jour fendues des croisières
Des beaux naufragés que nous y ferons.
J'ai pour toi défait
Mais refait sans cesse les mille châteaux
D'un nuage ami qui pour ma princesse
Se ferait bateau
Se ferait pommier, se ferait couronne
Se ferait panier plein de fruits vermeils
Et moi je serai celui qui te donne
La terre et la lune avec le soleil.
J'ai pour toi l'amour quelque part au monde
Ne le laisse pas se perdre à la ronde.
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d'automne et chanson d'hiver
S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers.
J'ai pour toi, très loin
Une promenade sur un sable doux
Des milliers de pas sans bruits, sans parade
Vers on ne sait où
Et les doigts du vent des saisons entières
Y ont dessiné comme sur nos fronts
Les vagues du jour fendues des croisières
Des beaux naufragés que nous y ferons.
J'ai pour toi défait
Mais refait sans cesse les mille châteaux
D'un nuage ami qui pour ma princesse
Se ferait bateau
Se ferait pommier, se ferait couronne
Se ferait panier plein de fruits vermeils
Et moi je serai celui qui te donne
La terre et la lune avec le soleil.
J'ai pour toi l'amour quelque part au monde
Ne le laisse pas se perdre à la ronde.
dimanche 28 avril 2013
samedi 27 avril 2013
vendredi 26 avril 2013
Un caillou dans la pâte...
Angoisse :
Comme un caillou dans la pâte
D’un muffin anglais
Comme un caillou dans la chaussure :
Je suis la chaussure.
Comme un caillou que la mer
N'a pas assez roulé.
Comme un caillou que la mer
N'a pas assez roulé.
lundi 1 avril 2013
Rebirth
En ce jour de printemps à n’y pas croire
Où la lumière me semble cascader
et se rouler
Sur le sol de ma chambre
Comme un chat fauve,
Aussi dense qu’une coulure de
lave,
Où je sens ma poitrine gonfler
Comme une pâte qui lève au four, dissolvant
même
Par son action, le noyau de glace
éternelle
Logé dans mon sternum,
En ce jour de printemps glorieux
Le mot qui germe dans ma poitrine
est :
Rebirth
jeudi 28 mars 2013
Un peu de poésie, de la part de Corinne Jasicki
" J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources.
[...]
de tels lieux n'existent pas, et c'est parce qu'ils n'existent pas que l'espace devient question, cesse d'être évidence, cesse d'être incorporé, cesse d'être approprié. l'espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n'est jamais à moi, il ne m'est jamais donné, il faut que j'en fasse la conquête.
mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l'oubli s'infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés.
[...]
l'espace fond comme le sable coule entre les doigts. le temps l'emporte et ne m'en laisse que des lambeaux informes :
écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. "
Georges Perec - Espèces d'espaces
Photo : Masao Yamamoto
[...]
de tels lieux n'existent pas, et c'est parce qu'ils n'existent pas que l'espace devient question, cesse d'être évidence, cesse d'être incorporé, cesse d'être approprié. l'espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n'est jamais à moi, il ne m'est jamais donné, il faut que j'en fasse la conquête.
mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l'oubli s'infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés.
[...]
l'espace fond comme le sable coule entre les doigts. le temps l'emporte et ne m'en laisse que des lambeaux informes :
écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. "
Georges Perec - Espèces d'espaces
Photo : Masao Yamamoto
mercredi 27 mars 2013
Soleil, soleil
J'veux aller sur la Main
Voir le mond’ qui s’promène
J'veux aller au marché
Sentir et regarder
Les yeux écarquillés
Les légumes nouveaux
Et les passants pressés
Faire griller de l’agneau,
Acheter des asperges.
Dans ma chambre plein sud
Me baigner de lumière
Les deux pieds sur la couette,
Un roman à la main…
mardi 19 mars 2013
J’en ai marre de l’hiver, mais…
À pleines vitres, la neige
Se rit de mon dépit
Et pour me faire la nique,
Empingouine un sapin
Dont les branches accablées
Me font avec leurs pointes
Dentées comme des ailes
Si fort penser, de Riopelle,
À l’hommage à Rosa.
jeudi 14 février 2013
Je m’appelle Boris...
I came to understand that Boris responded far
more directly to the indirect; that is to say, his real emotions surfaced only
when mediated by the unreal. Time and again, I had sat dry-eyed beside him
while ne snuffled and wept over actors on a big, flat screen. I had never, ever
seen him cry in the so-called real world, not for Stephan [frère de Boris], not for his mother, nor for me or for Daisy
or for dead friends or for any human being who wasn’t made of celluloid.
(Extrait de
The summer without men de Siri
Hustvedt)
vendredi 8 février 2013
Poisson pilote
La belle
et émouvante
teinte saumon d’une des feuilles
trilobées
de mon oxalis regnellii.
Elle a trop d'eau,
Elle va mourir,
Répond l'écho.
mercredi 6 février 2013
The sea is my brother (Kerouac) IS my brother
Je ne sais pas ce qu’il y a le plus dans ce petit livre précoce : de bragging juvénile ou de zen, de construction intellectuelle ou de sensation vécue, d’amour filial ou d’égoïsme adolescent, de désespoir ou d’élan vital, de naïveté ou de lucidité – je ne sais pas. Émouvant.
Hiver 2012 à Montréal
Neige horizontale
par le carreau de ma fenêtre,
fuite éperdue devant le vent.
Neige horizontale
À contresens.
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